Ce week-end, j’ai écouté le nouvel album de Stromae. C’est un artiste que je suis depuis ses débuts et dont je découvre l’œuvre par ses albums plutôt que ses coups médiatiques. Je me suis donc fait embarquer dans « Multitude ». Mon but n’est pas de vous faire une analyse de ses qualités musicales, mais plutôt de vous inviter à écouter différemment les deux dernières chansons de l’album.

 

Deux chansons et un « MAIS »

« Mauvaise journée », la onzième chanson de l’album, commence sur un rythme lancinant de savates qui trainent et de laisser-aller. Le narrateur fait état de son mood du jour plutôt en mode « y’a rien qui va ! ». Il se plaint qu’il ne va pas bien (dans tous les sens du terme) et adopte le point de vue de celui qui « ne voit que ce qui ne va pas ». Il demande de l’aide tout en demandant de le lâcher et réclamant son droit à déprimer dans son fauteuil. Il se compare aux autres et leur attribue son mal-être.

« Bonne journée », la douzième chanson de l’album, commence par le dernier mot de la chanson précédente : « MAIS ». Le « mais » on l’utilise quand on veut opposer deux idées. (C’est pour ça que quand on répond « oui mais, … » en fait ça veut dire «non ». Mais ça c’est un autre histoire). Donc « Bonne journée » commence par un « mais » et par un refrain, comme si la chanson précédente ne faisait que se poursuivre. Pourtant, le rythme est plus sautillant et on fait un 360 quant au contenu des paroles.

Ici, le narrateur s’exclame sur la bonne journée qu’il passe. Il se sent beau et frais, il va super bien (dans tous les sens du terme). Il kiffe sa journée qu’il compare à un jour d’anniversaire ou de déconfinement. Il est dans l’action, la danse et la joie.

 

Deux chansons et un concept

Deux chansons, deux polarités. Un exercice auquel se sont prêtés Stromae et Orelsan qui illustre bien la notion de méta-programme.

Le méta-programme est un concept issu de la PNL (Programmation Neuro-linguistique). C’est un modèle descriptif qui aide à percevoir la carte du monde des individus. Quelque chose d’observable qui informe sur les modes de fonctionnement.  Il y a plusieurs méta-programmes, Ils sont présentés sous forme de polarités. Ces deux chansons se prêtaient donc bien à l’exercice. Voici trois méta-programmes relevés (il en existe d’autres).

 

 

Dans « Mauvaise journée », le protagoniste adopte plutôt des comportements d’évitement, confirmés par ce que le monde extérieur lui renvoie. Avec son verre toujours à moitié vide, il maitrise l’art de conscientiser ce qu’il manque.

 

 

Dans « Bonne journée », il adopte plutôt des comportements d’ouverture aux autres basé sur ses propres perceptions du monde. Avec son verre toujours à moitié rempli, il maitrise l’art de conscientiser les « déjà-là ». 

 

Deux chansons et une histoire de point de vue

Les meta-programmes nous informent sur comment on fonctionne dans certaines situations. Si je suis plus dans l’un et que ça ne me convient pas ; je peux essayer de tendre vers l’autre et voir ce que ça change dans mon quotidien.

Plutôt que de rester dans son fauteuil à déprimer (éviter de) et à remettre son malheur sur le dos des autres (référence externe), le personnage de « mauvaise journée » peut agir pour aller mieux (aller vers) et il peut commencer par se faire confiance et se donner de la valeur (référence interne). De même, il pourrait s’attarder davantage sur ce qu’il a déjà, sur ses progrès (match) plutôt que pointer ce qu’il n’a pas, ses échecs (mismatch).

Il porterait donc sur le monde et sur sa réalité un tout autre regard ? Les méta-programmes seraient-ils le secret pour passer d’une mauvaise à une bonne journée ?

Je vous laisse cogiter ça et termine sur ces paroles de « Bonne journée » :

« L’humeur, ce n’est qu’un point de vue

Tu choisis pas si tu vois le bon côté des choses ou pas

C’est parce qu’y a des bas qu’y a des hauts

Et parce qu’y a des hauts qu’y a des bas

Y a pas d’débats d’idéaux, non

Comme un idiot fait les pas de la danse de la joie. »

 

Pour écouter l’album sur Deezer ou sur Youtube

Pour en savoir plus sur les méta-programmes : CUDICIO, C. « Le grand livre de la PNL ». Editions Eyrolles.