Nous avons élaboré un baromètre du bien-être au travail à destination du personnel scolaire pour le Salon Educ,. Cet article est le deuxième basé sur les réponses récoltées. À l’heure où nous écrivons ces lignes, 98 personnes y ont pris part. Nous nous attarderons aujourd’hui sur la partie du baromètre qui questionne le rapport au métier.

Quel rapport entretenez-vous avec votre métier ? Vous l’aimez ? Vous le subissez ? Vous faites avec ? Vous ne vous voyez pas faire autre chose ? Ça dépend les jours ? …

Sept questions de notre baromètre traitent de ce phénomène[1]. Les répondants sont invités à indiquer sur une échelle allant de « pas du tout d’accord » (= 1) à « tout à fait d’accord » (= 5) ce qu’ils pensent des affirmations proposées. Voici les résultats en fonction des différentes catégories de répondants : enseignants, directions et auxiliaires d’éducation au sens large (éducateurs et autre personnel scolaire).

Résumé des réponses item par item
On peut remarquer que différents rapports au métier sont questionnés. Un rapport plus « affectif » et un rapport plus « calculé ». On reste dans son métier parce qu’on l’aime, mais aussi pour des éléments plus rationnels : les avantages qui y sont liés et/ou le manque d’alternatives professionnelles.

Regardons plus en détail les réponses de nos participants, dimension par dimension.

Moyennes des réponses aux différentes dimensions de l'implication au travail

Tous les répondants (93) ont un rapport affectif avec leur métier. Les avantages liés au métier semblent plus prépondérants pour les auxiliaires (16) et les enseignants (68). Le manque d’alternatives professionnelles concernerait plus les auxiliaires. OK c’est bien, mais on fait quoi avec tout ça ?

Le type de rapport au travail influence le bien-être

S’intéresser au rapport que les travailleurs entretiennent avec leur métier, c’est s’intéresser à un élément qui influence leur sentiment de bien-être au travail.

Aimer son métier, se reconnaitre dans ses valeurs et ses actions, se sentir investi dans sa mission quotidienne favorisent l’épanouissement professionnel. La dimension affective est une « ressource », un élément qui booste le bien-être au travail.

Les avantages liés au statut de fonctionnaire et à la nomination, le salaire, les congés, les horaires sont des exemples d’éléments plus rationnels qui influencent le rapport que l’on a à son métier. Un rapport plutôt basé sur le calcul entre les coûts et les bénéfices liés à l’exercice de la profession. Cette dimension liée aux avantages influence positivement le bien-être au travail tant que les bénéfices sont plus importants que les coûts.

Le manque d’alternatives est une dimension un peu inhérente aux métiers de l’éducation. Ces métiers nécessitent pour la plupart un diplôme spécifique qui limite à certaines matières ainsi qu’à certains niveaux d’études. Les perspectives professionnelles sont donc très souvent restreintes. Rester dans son métier parce (qu’on croit) qu’on n’a pas d’autres alternatives influence négativement le sentiment de bien-être au travail.

Rapport au métier et gestion de carrière

Alors que tous nos répondants ont un rapport affectif avec leur métier, les moyennes de leurs réponses à la question « J’ai déjà pensé quitter le métier » sont assez interpellantes. Ce n’est pas parce qu’on aime son métier qu’on n’envisage pas de le quitter. Aimer son métier ne suffit pas pour tenir sur la longueur.

Moyenne des réponses à "J'ai déjà pensé quitter mon métier".

On a vu trop de professionnels investis, motivés, impliqués dépérir au fil des années. La fougue des débuts petit à petit grignotée par la réalité du métier. Certains l’ont quitté, les autres restent… S’accommodant des avantages et comptant les années jusqu’à la pension… en espérant tenir jusque là… C’est gros, c’est cliché, mais c’est une réalité.

Quelles sont les perspectives de carrière pour une grande majorité du personnel scolaire ? Que fait-on le jour où ça ne nous convient plus ? Il est temps de penser la carrière dans l’enseignement autrement que de manière rectiligne. Cela convient certainement à un certain nombre, mais que fait-on pour tous les autres ?

 

 

[1] Elles sont librement inspirées de l’Occupational Commitment Questionnaire d’Allen et Meyer (1997) que j’ai utilisé dans le cadre de mon mémoire sur l’implication au travail des enseignants (2015).

Consultez le premier article basé sur le baromètre ici